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Mémoires d'une jeune-fille mariée
20 janvier 2006

Culpabilité

Et maintenant.

J'ai rêvé que ma belle-mère était malade. Allongée, blanche et rongée par la mort, ses enfants tour à tour s'allongeaient sur elle. Et moi aussi, entre malaise et culpabilité.

Je ne me défais pas du sentiment de ma faute. Vis à vis de toute cette famille. Avoir quitté son fils, son mari, ses enfants, ses petits enfants, son père. J'ai cassé le lien doux, immuable de la filiation. Je me suis écartée de cette lignée bourgeoise et fière, j'ai rompu la confiance du clan. On m'a fait pénétré dans les salons aux lourds draperies de soies, dorures sur bois, photos vieillies, meubles ridés, héritages du passé fiers et paresseux. Et j'ai trahi.

J'aurais voulu les aimer, porter le nom, porter l'enfant. M'unir à la race de ceux qui vivent de rites et de symboles.

Je n'ai pas pu. Comme si je n'avais pas assez de place, ni de cœur, ni de sang finalement pour tolérer cette forme aliénante de l'existence. Endosser la vêture et le corps d'une autre, celle d'un ventre qui prolonge un nom et une histoire. Marcher dans les pas, vivre sur les lieux souillés par d'autres. Etre l'instrument de la continuité. Le visage sur lequel glisse la suite des jours, de naissances en morts.

Je m'éveille avec l'impression d'être en cavale. D'avoir laissé les "miens" et tué mes dix dernières années avec insouciance.

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